
Pourquoi le jeune enfant ne peut pas faire un caprice ?
Pour moi, les caprices chez les enfants ça n’existe pas.
Le caprice ne serait-il pas plutôt un terme d’adulte pour exprimer son ressenti face à une situation dans laquelle nous serions démuni?
Si l’enfant réagit aussi vivement c’est qu’il est confronté à la frustration.
Une situation dans laquelle l’adulte n’a pas répondu à son désir dans l’immédiat. L’enfant est alors confronté à une inondation d’émotion qu’il ne peut pas contenir.
Le « caprice » accorderait à l’enfant une capacité à pouvoir manipuler ses émotions, et adapter son comportement afin d’obtenir ce qu’il veut.
Cependant le cerveau des tous petits n’est pas assez mature pour pouvoir adapter un comportement qui pourrait ressembler à de la manipulation.
Il pleure parce qu’il n’a pas eu ce qu’il veut, non pas pour que l’adulte cède et lui donne.
« Les pleurs ne peuvent pas être déclenchés volontairement chez les jeunes enfants puisqu’ils sont initiés par des parties autonomes du cerveau qu’ils ne sont pas en mesure de contrôler »(Catherine Gueguen, 2014).
Par exemple : Il est 19h, votre enfant veut un bonbon et vous lui répondez que ce n’est pas le moment car il va bientôt manger. L’enfant réagit alors vivement. Il se met à taper du pied, à se rouler par terre et à crier.
Vous pouvez être tenté(e) pour plusieurs raisons de dire : « c’est un caprice ce que tu fais ».
Le caprice est ici en fait la confrontation à la frustration.
Vous n’avez pas répondu au désir qu’il avait de manger un bonbon dans l’immédiat. Il vit un torrent d’émotions qu’il a dû mal à pouvoir contrôler.
Il ne peut pas le réguler car son cortex pré frontal est très immature.
Une poussée neuronale de cette zone ne débute qu’à partir de 5-7 ans. C’est donc à partir de ce moment là qu’il commencera à comprendre et surmonter davantage ses émotions par lui même. Le cerveau humain finit sa maturation à l’âge de 25 ans (Catherine Gueguen).
Finalement lorsque l’enfant se met à pleurer, à crier, ce n’est que l’expression d’une tempête émotionnelle. Ils ne savent pas encore associer une émotion à un ressenti.
C’est même encore compliqué parfois pour nous, adultes. Nous pouvons avoir du mal à comprendre certaines émotions.
Par exemple, de la colère peut cacher une profonde tristesse.
Il est intéressant face aux émotions de l’enfant de proposer différents types d’émotions, en rapport à ce que l’on ressent (Hariri, 2000).
Il est important de pouvoir accompagner les émotions que traversent les enfants en y mettant des mots afin qu’ils puissent petit à petit se les approprier.
Nous pouvons par exemple dire : « tu tapes des pieds, j’ai l’impression que tu es en colère, qu’est ce que tu en penses ? ».
« Tu as le droit d’être en colère » et proposer plusieurs alternatives pour l’accompagner. Au fur et à mesure du temps et de ce qu’il lui a été proposé, l’enfant pourra associer ses ressentis à des émotions.
Il pourra alors acquérir une intelligence émotionnelle qui l’aidera dans ses relations aux autres (Gueguen).
Ce qui nous met en difficulté, nous adultes, c’est de garder en tête que l’enfant n’est pas toujours en colère contre nous dans ces moments là. Il la projette en nous. Il faut pouvoir la transformer afin de lui restituer en essayant de ne pas nous mettre nous même en colère.
Est il important pour l'enfant de se confronter à la frustration ?
La réponse est que de toute façon l’enfant va y être confronté tout au long de sa vie, et qu’elle est bénéfique à sa construction psychique. Il faut s’épargner de confronter l’enfant à des frustrations « inutiles ».
Une année lorsque je travaillais en crèche, une maman désemparée est arrivée à l’ouverture, disant que ça avait été compliqué le matin. Sa fille de 2 ans avait voulu s’habiller toute seule.
La maman était épuisée car elle s’était « battue » avec elle pour qu’elle mette des habits adéquats pour les températures extérieures.
Je lui ai donc proposé de laisser sa fille choisir ses vêtements en sortant 3 tenues différentes adaptées aux températures en expliquant à l’enfant qu’elle aurait le choix entre ces vêtements là.
A partir de ce moment là, le choix des habits n’était plus un sujet pour la frustration.
A cet âge là, le processus d’individuation se met en place depuis quelques mois et s’accompagne de l’affirmation de soi vers 2 ans avec l’apparition du fameux « non ».
Dans les premiers mois de sa vie, les parents et l’entourage qui s’occupent du bébé répondent dans l’immédiat aux besoins fondamentaux de ce dernier.
Cela est primordial pour son développement physique et psychique.
Le bébé est alors dans une toute puissance dans laquelle il a l’impression de « contrôler » son environnement puisque lorsqu’il fantasme le biberon et qu’il a faim celui ci arrive.
Petit à petit, les parents ne s’adaptent plus de la même manière aux besoins du bébé ce qui permet de créer un ensemble de processus indispensables pour le déroulement du développement psychique de l’enfant. La mère s’adapte moins dans l’immédiat aux besoins de l’enfant. Elle permet à son enfant de dépasser le fantasme de peau psychique commune.
Le bébé apprend petit à petit à différer et se confronte alors de plus en plus à des moments de frustration.
Il découvre alors qu’il n’est plus le centre du monde de sa mère et que tout ne tourne pas autour de lui.
Cette phase de désillusion est structurante pour l’enfant puisqu’il est amené à devoir progressivement se confronter à l’épreuve de la réalité.
Winicott insiste sur le fait que cette désillusion inévitable ne sera pas traumatique à la condition que l’enfant ait pu auparavant avoir des réserves d’omnipotence et que ses assises narcissiques soient suffisamment solides, c’est à dire qu’il ait fait l’expérience d’illusion. C’est à dire qu’on est répondu à ses besoins immédiatement.
Il faut ensuite laisser l’enfant acquérir la capacité de pouvoir attendre afin qu’il y ait de l’espace qui se crée. Espace indispensable à la création de la pensée.
Si vous rencontrer des difficultés dans ces situations, vous pouvez rencontrer un psychopraticien, un psychologue ou un psychanalyste.
Bonjour, ceci est un commentaire.
Pour débuter avec la modération, la modification et la suppression de commentaires, veuillez visiter l’écran des Commentaires dans le Tableau de bord.
Les avatars des personnes qui commentent arrivent depuis Gravatar.