
« Tu n’es plus là où tu étais mais tu es partout là où je suis » Victor Hugo
Le terme deuil provient du latin « dolus » (douleur) ou « dolium » (chargin), dérivé de « dolere » (souffrir)
Le processus de deuil est universel : Nous sommes tous amenés à être confrontés à la mort ou à une perte.
Il y a plusieurs mécanismes qui s’opèrent durant le processus de deuil. Le terme processus sous-entend que c’est un chemin qu’il faut traverser et qui peut être plus ou moins long.
On peut le désigner comme un « travail » du deuil.
Le deuil s’engage lors d’un changement brutal dans la vie : lors de la perte d’une personne, d’un objet, d’un travail, d’un problème de santé.
L’élément premier qui fait que ce processus psychique se met en route, c’est la rupture d’un lien émotionnel fortement chargé avec cette personne.
« Perdre quelqu’un, c’est aussi perdre une personne qui co-construisait notre univers » Husserls
Le processus de deuil est quelque chose qui est propre à chacun. Nous ne sommes pas tous égaux face à celui ci. Ce processus de deuil se vit seul. Nous pouvons avoir perdu une même personne et ne pas être dans le même état au même moment ; Nous ne vivons pas les pertes de la même manière.
Le deuil est un processus normal après une perte ou un changement brutal
Etre en deuil est une expérience bouleversante pour chacun et être confronté à la mort d’une personne fait souffrir. Le deuil est un processus normal après la perte d’un être cher. Il correspond à une période plus ou moins longue nécessaire pour soigner sa blessure. Ce processus est très intime et nous ne vivons pas cette expérience tous de la même manière.
Il est indispensable d’être à l’écoute de ses émotions et de les accepter.
Tout le soin apporté à ce processus de cicatrisation est douloureux
« Ne mettez pas d’obstacle au mouvement de douleur. Laissez-le mûrir »
Krishnamurti
Qu'est ce que le processus de deuil ?
Le processus de deuil est avant tout un processus de cicatrisation.
La connaissance de ce qui se passe durant ce processus donne la capacité de pouvoir : comprendre ce qui se passe en moi, ce que je peux faire de cet évènement de vie et comment apprivoiser la mort d’un proche qui ne va jamais disparaître.
Le deuil n’est pas le synonyme d’oubli.
« Le souvenir c’est la présence invisible »
Victor Hugo
« Faire son deuil » ne veut rien dire en soit car « faire » sous entendrait qu’il y a un début, un milieu et une fin. Nous arrivons à un moment à vivre avec cette perte mais elle nous aura marqué pour toute notre vie.
Par exemple, nous pouvons parfois penser avec tristesse à un être cher, cela ne veut pas dire que nous n’avons pas fait notre deuil, cela veut dire qu’il y a un manque.
Il est important de faire l’expérience de cette souffrance, de l’accueillir pour que le travail de deuil s’opère. Néanmoins, parfois nous pouvons vouloir rester dans la souffrance afin de garder le lien avec la personne partie. Ce n’est pas par la souffrance qu’il passe mais par l’amour. Plus on apaise la souffrance plus on garde le lien d’amour.
Ce processus est en permanence en mouvement, il n’est pas synchrone. Il y a une oscillation de l’humeur. Nous pouvons être un jour plus ou moins bien puis le lendemain très mal.
Nous ne sommes pas tous égaux face à ce travail de deuil, nous avons tous une temporalité et une histoire qui nous est propre, et une histoire.
Nous sommes fondamentalement seuls dans le processus de deuil.
« Parler de ses peines c’est déjà se consoler » Albert Camus
Les 4 grandes étapes du deuil :
- Un état de choc : manifestation émotionnelle intense pouvant aller jusqu’à un état de sidération.
Il y a une anesthésie émotionnelle. On fait les choses parfois par automatisme avec une certaine agitation.
On appelle l’entourage, on prépare les obsèques On sait que la personne est morte mais nous n’arrivons pas à l’assimiler. Les obsèques est un rituel nécessaire pour pouvoir intégrer l’information.
- Déni : phase de fuite/recherche. Il y a une fuite de la réalité. On ne veut pas se rendre compte que la personne est vraiment décédée. Il va y avoir un besoin de garder la présence du défunt dans le monde. On met des photos partout, on parle de cette personne en permanence et on à l’impression de recevoir des signes du défunt.
- La tristesse : C’est le moment de la réalisation et de la destructuration. Cette étape peut prendre des allures dépressives. Il y a une douleur intense, désintérêt pour soi, perte d’appétit, absence de goût, repli sur soi. C’est le moment le plus douloureux. On se rend compte que la personne n’est pas là. C’est un moment pendant lequel nous sommes épuisés puisque notre psychique est attelé à faire le processus de deuil. Le corps peut parler,
le deuil peut rendre plus manifeste des maladies préexistantes.
- Acceptation et restructuration: Il y a une redéfinition en soi qui se passe en 3 niveaux :
- Par rapport aux autres : on peut de nouveau rire sans avoir l’impression d’avoir trahit la personne qui est partie. On peut même aimer à nouveau et que le cœur est prêt à aimer de nouveau.
- Son rapport avec la personne partie : ce n’est plus une relation subjective qui passe par des images, des sensations mais je l’ai mise « à l’intérieur » de moi : introjecter la relation en moi. C’est à ce moment que l’on peut s’inspirer de la personne et prendre certains traits d’elle.
- De soit par rapport à soi : qui je suis devenue après t’avoir aimé et que tu m’as aimé. Je suis forcément différent après ça. Comment je vais te faire vivre à travers qui je suis.
« Faire son deuil » signifie donc fournir un effort pour réécrire une histoire de vie harmonieuse qui intègre les événements de vie douloureux.